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  • L'Académie Charles Cros en Chine

    ... avec l'Alliance française.

     

    Entretien.

    Benguigui, Fantapié, Grands PrixAlain Fantapié, Vous êtes Président de l’Académie Charles Cros depuis 1999. Quel est le rôle de l’Académie dans la sphère musicale ?

     

    Dissipons tout d’abord un malentendu. Académie ne veut pas nécessairement dire académique. L’ Akademia des Grecs, d’où vient le mot, était le lieu où l’on se rencontrait, où l’on discutait, où l’on échangeait, et c’est bien ainsi que nous l’entendons. L’Académie Charles Cros se veut un espace de rencontre et de partage. Elle réunit un collectif de spécialistes, de toutes les formes de musique, et de la parole enregistrée, qui, tout au long de l’année, observent et analysent la vie musicale à travers le disque et l’enregistrement sonore. Nous sommes une émanation de la société civile qui veut apporter sa contribution à la vie culturelle, valoriser la création, les artistes, le travail souvent très courageux de ces acteurs essentiels que sont les producteurs et les éditeurs, soutenir aussi l’émergence des talents, le développement des carrières. Décerner des prix n’est pas une fin en soi, mais s’ils constituent une reconnaissance de ceux qui portent la culture vivante, ils doivent surtout servir de déclencheur ou d’accélérateur de carrière. C’est ainsi que, lorsque des artistes reçoivent nos prix « Coups de cœur », ils sont aussitôt soutenus par des programmations sur scène, à la rencontre du public, grâce à nos partenaires, comme la Fédération des festivals de chanson francophone, qui regroupe plus de vingt festivals de chanson française en Europe et au Canada, ou le réseau des Alliances françaises en Chine.

     

    L’Académie Charles Cros vient d’entrer dans sa 65ème année. A-t-elle changé ?

     

    lyceens.jpgPas dans ses principes, ni dans son esprit d’indépendance. Dans sa méthode de travail, dans sa dimension, oui. C’est un corps vivant, qui a dû s’adapter profondément à l’évolution de la diffusion de la musique enregistrée, et de la société. Autrefois, ses prix étaient un grand coup de projecteur une fois par an, et ensuite, c’était fini jusqu’à l’année suivante. Avec l’arrivée du nouveau siècle, elle s’est transformée. Elle est au travail toute l’année, elle s’est internationalisée – plus de 15 % de nos sociétaires actuels ne sont pas français –, elle s’est professionnalisée avec des experts associés, acteurs de la vie culturelle, qui partagent notre philosophie et notre déontologie : agir dans une logique citoyenne et un esprit de service public au service de l’enregistrement sonore, de la vie musicale, de la carrière des artistes, de l’accès du public aux œuvres et aux artistes. Ainsi, depuis dix ans, l’Académie a-t-elle souhaité étendre son champ d’action à la sensibilisation et à l’information du public, par des manifestations récurrentes, une dizaine par an, comme les « Coups de cœur » ou, opération qui s’inscrit dans la durée de l’année scolaire, le programme « Chroniques lycéennes-Prix Charles Cros des lycéens ». Il est mené, en partenariat étroit avec le Centre national de documentation pédagogique (CNDP), auprès d’environ 250 lycées en France et à l’étranger. C’est une démarche pédagogique qui vise à faire découvrir la chanson française d’aujourd’hui dans la grande diversité de ses formes d’expression musicale et linguistique ; avec le concours des enseignants comme à travers les rencontres entre les chanteurs et les élèves, la chanson se révèle un instrument de perception de la France dans sa diversité sociale et culturelle, dans ses valeurs, et de la Francophonie, avec des chanteurs des quatre coins du monde.

    A suivre ici !

     

    Propos recueillis par Rachel Blessig (Alliance française de Chine)

    Première photo : Mme Yamina Benguigui, ministre déléguée à la francophonie, et Alain Fantapié, Président de l'Académie Charles Cros. Crédits : Françoise Ducastel / ACC

    Seconde photo : Pep's, Barcella, Serge Dufour et des lycéens venus remettre leur prix aux artistes. Crédits : Françoise Ducastel / ACC

     

  • Touché par la grâce

    Harvey ; ACC     Le compositeur Jonathan Harvey (*1939) est décédé mardi 4 décembre. Il avait reçu en 2009 la plus prestigieuse distinction de l’Académie Charles Cros,  le Prix du Président de la République pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la parution en 2009 de l’intégrale de ses quatuors et trio à cordes interprétés par le Quatuor Arditti chez le label AEON (AE0975). Il parlait un français parfait avec un léger accent qui colorait le velouté de sa voix, toujours à l’écoute de son interlocuteur, il fut un immense pédagogue. C’est en 1980, lors de la création de Mortuos plango, vivos voco (1980) pour sons concrets traités par ordinateur qu’il s’imposa comme un compositeur maîtrisant musicalement la synthèse via l’ordinateur. Chacun perçut celle-ci comme un chef-d’œuvre à l’égale du Gesang der Jünglinge de Karlheinz Stockhausen.

            On peut rattacher Jonathan Harvey à l’école spectrale pour sa conception du son comme entité première de l’acte de composition. Bakti pour ensemble et électronique l’imposa comme une figure tutélaire de la musique contemporaine. Composée en 1982, c’est une commande de l’Ensemble Intercontemporain. Ses dernières œuvres ont été composées pour le Festival Agora de l’Ircam, son Wagner Dream (Cyprés records CYP5624), son Quatrième quatuor à cordes avec électronique et son Speaking pour orchestre et électronique, édité également en 2010 par le label AEON (AECD1090) que l’on a pu réentendre en septembre dernier à la Salle Pleyel. Jonathan Harvey était un très grand compositeur mais c’était aussi un homme d’une très grande noblesse d’âme et de cœur.

     

    Omer Corlaix