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  • BOULEZ, UNE PAGE SE TOURNE. D’AUTRES S’OUVRENT…

    BOULEZ, UNE PAGE SE TOURNE. D’AUTRES S’OUVRENT…

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    Pierre Boulez vient de disparaître, merci à Libération d’avoir été parmi les rares à se montrer à la hauteur de l’événement en lui consacrant sa pleine Une, et 5 ou 6 pages de textes et de photos. Il y a des lunes que les débats autour de sa musique et de son rôle dans la cité s’étaient sinon pacifiés, ou au moins assourdis, et le temps est venu où l’Histoire évaluera sa place à la fois de musicien et d’initiateur.

     

    Ses disques, comme compositeur ou comme chef, ont été constamment distingués par l’Académie Charles Cros,  on en trouvera plus loin la liste, avec un tout récent coup de chapeau au Quatuor Diotima (Coup de cœur 2015) pour son Livre pour Quatuor. Mais Boulez a aussi été parallèlement un inspirateur et un inlassable entrepreneur, à la fois maître d’œuvre et maître d’œuvres, comme le rappelle ici Omer Corlaix, et qui, du Domaine musical à la Philharmonie de Paris, aura transformé la scène musicale française.

     

    Une scène où se produisent aujourd’hui de nouvelles générations de compositeurs sur lesquels l’ACC attire l’attention du public, notamment par ses Grands prix et ses Coups de cœur musique contemporaine.

    On les trouvera ici : http://www.charlescros.org/coupsdecoeur/index.php?nom=Musique%20Contemporaine&annee=2015


    A.F.

     *prix ACC en Annexe

    Pierre Boulez, maître d’œuvres

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    Pierre Boulez (1925-2016) aura suscité la passion pendant toute sa vie, son nom aura en France incarné la « musique contemporaine. » Compositeur, musicien de scène, chef d’orchestre, professeur au Collège de France, créateur d’institutions musicales, il fut l’homme-orchestre de la vie musicale française pendant plus d’un demi-siècle. Pierre Boulez aurait pu faire sienne le très beau titre du disque primé cette année par l’Académie Charles Cros du compositeur Philippe Leroux, Quid sit musicus, « Qu’est-ce que le musicien ? » On pourrait même s’imaginer que cette œuvre fut un hommage anticipé à son illustre prédécesseur, Pierre Boulez. Dès qu’il a quitté Lyon en 1943 pour monter à Paris, il ne va plus jamais quitter la scène musicale jusqu’à en perdre la vue. Ainsi, le journaliste du Monde présent dans la Salle Pleyel mardi 27 septembre 2011, à la mi-temps de l’ultime interprétation de Pli selon pli, témoigna dans son papier de ce nouvel handicap : « il ne semblait s'agir que d'un problème de paire de lunettes, que le chef doit désormais chausser. » Cet incident tétanisa le public. Ce concert, fut en fait un concert d’adieu à la vie musicale. Juste avant le grand tutti final de Don, la soprano canadienne Barbara Hannigan exhala d’une voix plate, «  … la … mort. » Tout était dit ! Pierre Boulez était à la tête de l’Orchestre des jeunes de l ‘Académie du Festival de Lucerne. Le mercredi 18 février 2015, Pierre Boulez nommait ses successeurs à sa direction, le compositeur allemand Matthias Pintscher, et le jeune chef d’orchestre espagnol, Pablo Heras-Casado.   On pourrait résumer sa vie en quelques mots : composition, interprétation, transmission et institution. Là, il semble également mettre ses pas dans ceux de l’auteur du De institutione musica.

    Egrenons les institutions qu’il fonda, en tout bien tout honneur le Domaine musical puis, l’Ensemble des Percussions de Strasbourg, l’Ensemble Intercontemporain, l’Ircam, le Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio France, la Cité de la musique avec son Musée de la Musique, l ’Académie du Festival de Lucerne, et pour conclure par un feu d’artifice la Philharmonie sans parler de l’Opéra Bastille. Ni Lulli, ni Wagner ne peuvent se targuer d’un tel bilan au soir de leur vie.  

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    Compositeur européen, il le fut, je me souviens l’avoir interviewé à Vienne pendant les festivités consacrées à ses 85 ans où il dirigeait pour la première fois le compositeur Karol Szymanowski, qu’il enregistrait pour Deutsche Grammophon. Nous étions trois journalistes, dont Andrew Clements, et Albert Hosp, dans les studios de l’ORF pour le mettre à la question, chacun dans sa langue respective, l’anglais, l’allemand et le français. Comme des matadors fiers de leurs banderilles, nous devions extirper le maximum de réponses originales. Il se prêta généreusement à ce petit jeu pendant une heure et demie, sa phrase finale tomba avec son habituel malicieux sourire, « Vous m’avez essoré ! » Si Baden-Baden fut dans un premier temps son Guernesey, très vite ce refuge devint son havre de paix loin des rumeurs parisiennes.

    Laissons les polémiques de côté, certes il aimait la joute, le bon mot qui tue. Il en a usé, et abusé parfois avec une certaine gourmandise. Il était brillant ! Ce fut son péché mignon. Nous voudrions, pour finir cet impossible hommage, évoquer les disques de Pierre Boulez primés par l’Académie Charles Cros depuis un demi-siècle. Il aurait eu 14 prix dont 2 Prix du Président de la République, selon le dépouillement réalisé des registres de l’Académie par son président Alain Fantapié. Le premier prix lui fut attribué en 1961 pour son enregistrement de la Suite pour 7 instruments op. 29 d’Arnold Schoenberg et la trilogie varèsienne (Hyperprisme. Intégrales et Octandre), interprétés par le Domaine musical sous sa direction, c’était un 33 t produit par Vega. L’année suivante le Pierrot Lunaire de Schoenberg interprété par Helga Pilarczyk et le Domaine musical pour le label Adès. Puis en 1965, Le Marteau sans maître par l’alto, Jeanne Deroubaix, toujours sous le label Adès. A partir de cette même année, Pierre Boulez est régulièrement primé par l’Académie. Les orchestres se succèdent, l’Opéra de Paris, le London Symphony Orchestra, le BBC Symphony, le New Philharmonia, le New York Philharmonic, l’Orchestre de Cleveland, l’Intercontemporain, jusqu’à l’enregistrement de la Sixième Symphonie de Gustav Mahler par le Wiener Philharmoniker en 1996. Pour clore cette énumération, nous retiendrons l’année 1970 où, il reçut simultanément quatre prix, le Prix du Président de la République pour Pli selon Pli, plus trois autres Grands Prix de l’Académie pour ses interprétations des Concerto pour piano n° 1 et n° 3 de Béla Bartók, des Images et des Danses de Claude Debussy, et de la Symphonie fantastique et de Lelio d’Hector Berlioz. Le dernier en date des disques primé par l’Académie Charles Cros est un Coup de Cœur 2015, pour l’interprétation que donne le Quatuor Diotima du Livre pour quatuor pour le jeune label Megadisc.

    Omer Corlaix

     

     Annexe : Tous ses prix de l'Académie Charles Cros.

     

     

     

     

     

    Année

     

    Tous sous la direction de Pierre Boulez

     

     

    1961

     

    Schoenberg – Suite pour 7 instruments op. 29
    Varèse – Hyperprisme. Intégrales. Octandre

    Sol. et orch. de chambre

    Vega C 30.A-271

     

    1962

    Schoenberg – Pierrot lunaire op.21

    Helga Pilarczyck, récitante et Ensemble

    Adès LA524 ou LA100

     

    1965

    Boulez – Le marteau sans maître.

    Jeanne Deroubaix (alto)

    Adès MA 30 LA 581 ST.30 LA 1008

     

    1966

    Stravinsky – Les Noces

    J. Brumaire, D. Scharley, J. Pottier, J. Van Dam, orch. Opéra de Paris

    Guilde ST2433, M2433

     

    1967

    Alban Berg - Wozzeck

    W. Berry, I. Strauss, F. Uhl, Orch et chœurs Opéra de Paris

    3x30 CBS 3003 GU

     

    1967

    Koechlin – Les Bandar Log

    Boulez – Le soleil des eaux

    Messiaen - Chronochromie

    BBC Symphony Orchestra, dir. Dorati et Boulez

    VSM ASDF 878 GU

     

    1970

    Pierre Boulez compositeur : Pli selon pli.

     

    Pierre Boulez chef :

    Bartok – Concerto pour piano n° 1 et n° 3

     

    Debussy - Images, Danses

     

    Berlioz – Symphonie fantastique. Lelio

    Lukomska, sop., BBC Symphony Orch.

     

    D. Barenboïm, piano, NewPhilharmonia

     

     

    Orch. de Cleveland

     

    Barrault, chœurs, London Symphony Orch.

    CBS S 75 770

     

    VSM C 063-01 914

     

     

    CBS S 75 725

     

    CBS S 77 226

    PPR

    1973

    Stravinsky - Petrouchka

    New York Philharmonic Orch.

    CBS 31076

     

    1975

    Schoenberg – Gurre Lieder

    K. Bowen, J. Thomas. G. Reich, BBC Symphony Orch.

    CBS 78264

     

    1980

    Alban Berg – Lulu (version intégrale)

    T. Stratas, Y. Minton, H. Schwarz, F. Mazura, K. Riegel, T. Blankenheim, R. Tear, H. Pampuch, orch. Opéra de Paris

    4x30 DG 27 110 24

     

    1983

    Schoenberg – L’Echelle de Jacob ; Erwartung ; La main heureuse ; Symphonie de chambre op. 1 n° 9

    BBC Symphony Orch. and chorus, Ensemble intercontemporain

    CBS 79349

     

    1983

    Stravinsky – 14 mélodies

    P. Bryn-Julson, A. Murray, R. Tear, J. Schirley-Quirk, Ensemble Intercontemporain

    DG 253-377

     

    1991

    Boulez – Visage nuptial ; Le soleil des eaux ; Figures ; Doubles, Prismes

    P. Bryn-Julson, E. Lawrence, BBC Singers, BBC symphony Orchestra

    Erato

    PPR

    1996

    Mahler – Symphonie n° 6

    Wiener Philharmoniker,

    DG

     

     

    1961 : Schonberg suite op 29      
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    1962 : Schoenberg – Pierrot lunaire op.21
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    1965 : Le marteau sans Maître

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    1970 : Pierre Boulez compositeur : Pli selon Pli

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    1996 : Mahler – Symphonie n° 6

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  • Michel Delpech, le bout du chemin...

    Michel Delpech, le bout du chemin...

    La photo date de près d’un demi-siècle. Nous étions en 1969, et ils étaient trois. Trois copains saisis par l’objectif, le 6 mars, à la fin de la proclamation au Palais d’Orsay des 22e Grands prix du disque de L’Académie Charles Cros, et qui partagent un même bonheur. Trois sourires, pas le même, qui reflètent des personnalités différentes mais qui allaient toutes trois marquer profondément leur époque. Serge Lama, Michel Delpech, Julien Clerc. C’était une très grande année pour la chanson française.

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    Mais pourquoi faut-il parfois attendre qu’un artiste nous quitte pour qu’on s’aperçoive qu'il nous manque ? La radio, la télévision, la presse ont, depuis sa disparition le 2 janvier 2016, largement célébré Michel Delpech, rappelé le mélodiste, le fertile créateur de chansons qu’il fut et qui, beaucoup plus que des tubes, sont devenus des standards. Mais où les entendait-on encore sur nos ondes ? Combien de ces programmateurs qui, en sortant de Saint-Sulpice ce 8 janvier, exprimaient leur émotion en tressant ses louanges, alors qu’ils taxaient hier son univers musical de ringardise, avaient-ils continué à les diffuser ?

    Alors, merci Michel pour avoir été ce que tu as été. Merci pour tes chansons. Et pardon, on t’a trop mal montré notre reconnaissance. On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime qu’on les aime, merci aussi, à Louis Chedid cette fois, pour la leçon.

    Michel Delpech, Eddie Barclay et Jean Leber 1969.jpg


    A.F.